Benozzo Gozzoli, Le triomphe de saint Thomas d'Aquin, 1471

jeudi 1 janvier 2015

Claude Lorrain, Port de mer au soleil couchant (1639)

            Pour commencer l’année 2015, élevons-nous un instant au-dessus des contingences de ce monde, nous rappelant que l’âme humaine, en sa face supérieure, se trouve supra motum et tempus, comme le note saint Thomas[1]. Une fois de plus, c’est grâce à Claude Lorrain que nous pourrons commencer cette ascension intérieure. Que voyons-nous en effet dans son Port de mer au soleil couchant de 1639 – un tableau assez connu puisqu’il se trouve dans les collections du Louvre, bien qu’il ne soit pas exposé au public ? Une perspective parfaite : au premier plan, le moins important en réalité, des personnages richement ou pauvrement vêtus, de différentes conditions sociales ; puis, au plan central, une triple progression triangulaire, dont tous les points de fuite convergent vers le couchant, les édifices à gauche, la mer au centre, les navires à droite ; au fond et au-dessus de la scène, le soleil et l’azur embrasé. C’est comme une resolutio ad solem de la destinée humaine, à travers la culture (l’église, les palais, le phare), la nature (l’eau du port), et l’aventure (les vaisseaux et la tour de garde) : pour qui a l’esprit métaphysicien, cette réduction solaire est une parfaite métaphore de la resolutio ad esse, qui est le secret du monde et de l’homme.

Rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent trouver d'autres tableaux de Claude Lorrain sur ce bloc-note, à l'adresse:
 http://participans.blogspot.fr/2012/07/regards-sur-quarante-tableaux-ou.html .

Claude Lorrain, Port de mer au soleil couchant, 1639, 1,03 x 1,37 m,
Paris, Musée du Louvre.






[1] Super librum De causis,, lect. 2.