ÉPILOGUE
LA
PRIÈRE DE LA FIN
Mentre che la speranza ha fior del verde.
Dante, Purg., III.
Seigneur, endormez-moi dans votre paix certaine
Entre les bras de l’Espérance et de l’Amour.
Ce vieux cœur de soldat n’a point connu la haine
Et pour vos seuls vrais biens a battu sans retour.
Le combat qu’il soutint fut pour une Patrie,
Pour un Roi, les plus beaux qu’on ait vus sous le ciel,
La France des Bourbons, de Mesdames Marie,
Jeanne d’Arc et Thérèse et Monsieur Saint-Michel.
Notre Paris jamais ne rompit avec Rome.
Rome d’Athène[1]
en fleur a récolté le fruit,
Beauté, raison, vertu, tous les honneurs de l’homme,
Les visages divins qui sortent de ma nuit :
Car, Seigneur, je ne sais qui vous êtes. J’ignore
Quel est cet artisan du vivre et du mourir,
Au cœur appelé mien quelles ondes sonores
Ont dit ou contredit son éternel désir[2].
Et je ne comprends rien à l’être de mon être,
Tant de Dieux ennemis se le sont disputé !
Mes os vont soulever la dalle des ancêtres,
Je cherche en y tombant la même vérité.
Écoutez ce besoin de comprendre pour
croire !
Est-il un
sens aux mots que je profère ? Est-il,
Outre leur
labyrinthe, une porte de gloire ?
Ariane me
manque et je n’ai pas son fil.
Comment
croire, Seigneur, pour une âme que traîne
Son obscur
appétit des lumières du jour ?
Seigneur,
endormez-la dans votre paix certaine
Entre les
bras de l’Espérance et de l’Amour.
Clairvaux, juin 1950.
Charles Maurras, La Balance intérieure,
in Œuvres capitales, vol. IV, Le berceau et les muses,
Paris,
Flammarion, 1954, p. 462-463.
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