Chateaubriand l’avait dit en citant Nicolas Poussin et Claude Lorrain: « Chose singulière, ce sont des yeux français qui ont le mieux vu la lumière de l’Italie »[1] ; mais savait-il que c’était toujours vrai de son temps ? En effet, au mois de mars 1826, deux ans et demi avant que le vicomte n’y retournât, en la qualité d’ambassadeur de Charles X, Corot se trouvait dans la Ville Éternelle, et il y peignait cet admirable Forum vu des jardins Farnèse. Que dire, sinon que l’histoire s’est chargée d’ordonner la symétrie du tableau à la place du peintre ! La tour du Capitole répond à celle, plus petite, du Grillo ; la coupole de San Luca e Martino fait la paire avec celle de l’église du Saint-Nom de Marie ; et une colonne romaine, dans l’axe de cette dernière église, se charge de diviser la représentation en deux sections qui se répartissent presque selon le nombre d’or… Mais il y a surtout la lumière bleu et or vert du ciel, et les tons ocres, gris et vert de l’espace qui s’étend du Palatin aux édifices. On notera que les ombres indiquent que le soleil est arrivé à l’occident de sa course, et que nous sommes donc à la fin de cette journée d’équinoxe.
Camille Corot, Le Forum, vue prise des jardins Farnèse, 1826. Paris, Musée du Louvre. |
[1] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Livre trentième, chap. 9, édition Maurice Levaillant et Georges Moulinier, t. II, [Bibliothèque de la Pléiade, 71], Paris, Gallimard, 1951, p. 255.
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