Benozzo Gozzoli, Le triomphe de saint Thomas d'Aquin, 1471

jeudi 26 décembre 2013

La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, de Guido Reni

            Voici, pour la Noël, La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, de Guido Reni. Dans son intéressante monographie sur le plus connu des peintres de Bologne, Gérard-Julien Salvy pense que cette petite œuvre sur cuivre (de 25 × 19 cm) peinte en 1606 « possède avant tout une valeur historique[1] », parce qu’elle fut offerte à Paul V (le pape Borghese qui régna de 1605 à 1621), et qu’elle fut ainsi à l’origine du succès que connut le Guide dans la Ville Éternelle, au point d’y faire de fréquents séjours jusqu’à son retour dans sa patrie en 1614.
            Pour notre modeste part, nous dirions que, sans être un chef-d’œuvre absolu, ce tableau caractérise parfaitement ce qui sera la manière de ce grand nostalgique du classicisme à l’âge baroque que fut Guido Reni. On notera en particulier l’équilibre complexe, mais profond, de la composition, aussi bien sur le registre strictement pictural que dans l’ordre de la signification spirituelle. Le thème traité, bien centré sur le plan et dans la perspective, nous fait voir l’Enfant, dont la carnation est la plus claire et la plus lumineuse, à la droite de la Vierge, dont la tête et le buste sont enveloppés d’un voile un peu moins clair, et au-dessus du Baptiste, dont la peau cuivrée se trouve de surcroît plongée en partie dans l’ombre. Ce jeu de tonalités, inscrites dans un losange, exprime bien les rôles respectifs des trois personnages dans la conclusion de l’Ancienne Alliance et dans la fondation de la Nouvelle : Jean le Précurseur devra s’effacer devant le Messie, que la Vierge a enfanté et qu’elle continue à nous donner. Dans cette optique, l’agneau et la croix du petit Baptiste annoncent le sacrifice du Christ, tandis que le vase fleuri qui dégage la perspective en haut à droite, est  - peut-être – une allégorie de l’arbre de Jessé. Les draperies en diagonale, celle du rideau rouge et celle de la robe bleue de Marie, évoquent l’auctoritas divine et l’intériorité céleste, et solennisent ainsi la scène. Comme il arrive très souvent dans l’œuvre du Guide, la grâce esthétique se fait l’ambassadrice de la grâce théologale.


Guido Reni, La Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, vers 1606,
Paris, Musée du Louvre.




[1] Gérard-Julien Salvy, Guido Reni, Paris, Gallimard, 2001, p. 48.

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