Au XVIIe siècle, les
représentations picturales de la Sainte Trinité ne furent pas très nombreuses,
car les programmes iconographiques consécutifs à la Contre-Réforme étaient
davantage orientés vers la vie du Christ, de la Vierge ou des saints. Guido
Reni nous a pourtant laissé une splendide Trinité pour le maître-autel de l’église
éponyme de la Trinità dei Pellegrini.
Elle est d’une lecture fort aisée. Le Père trône en majesté dans la partie
supérieure du tableau. Il est revêtu d’une tunique blanche et d’une somptueuse chape
violette et rouge, symboles de sa divinité fontale et de son autorité suprême.
Il porte une barbe, comme les vieillards, parce qu’il est l’Inengendré ;
et sa tête est surmontée d’un nimbe crucifère, parce qu’il n’a qu’une pensée,
son Fils, qui est marqué pour l’éternité au sceau de la Croix. C’est pourquoi
le Verbe est représenté comme le Crucifié, bien qu’il soit désormais dans la
gloire : en effet, pour nous autres mortels, il n’est pas d’autre accès à
la Trinité bienheureuse que la Croix. Au-dessus du Christ est la colombe de l’Esprit-Saint,
qui éploie ses ailes sur le sein du Père : c’est ici en effet qu’il
conduit ceux qui gardent les commandements du Fils. Le Père, l’Esprit, et le
chef du Verbe Incarné apparaissent sur un ciel d’or, symbole de l’éternité où
réside la divinité ; en revanche, la Croix et le corps du Crucifié
émergent sur une nuée et un ciel d’azur, qui évoquent à la fois notre monde et
la paradoxale théophanie que fut la mort de Jésus. Des anges ponctuent toute la
scène : on les devine innombrables autour du Père et de l’Esprit, et on en
distingue nettement quatre autour du Christ. Peut-être Guido s’est-il souvenu
que le nombre quatre symbolise la terre et, plus amplement, la création, de sorte
que ces deux anges et ces deux angelots seraient alors comme le pendant créé de
la Triade incréée, l’humanité du Christ étant le pont qui relie les deux
univers. Conclusion : dans la Rome baroque aussi, l’art guidé par la
théologie savait représenter la totalité du Mystère révélé.
Guido Reni, La Sainte Trinité, 1625, Rome, église de la Trinité-des-Pèlerins. |
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