Du mariage même d’Isaac et de Rébecca, l’Écriture ne dit rien de particulièrement significatif ; leur postérité, en revanche, le fut hautement, puisque Rébecca, par la grâce de Yahvé, devint enceinte après avoir été stérile, et surtout parce que les deux jumeaux, Esaü et Jacob, allaient devenir pères de deux peuples ennemis, après que le premier eut renoncé à son droit d’aînesse[1]. Mais Claude Lorrain ne songe ici qu’à représenter une scène de noces dans la vallée du Tibre. L’œuvre fut de celles qui connurent un grand succès, puisque nous en avons deux exemplaires originaux, l’un à la Galleria Doria Pamphilj à Rome, et l’autre à la National Gallery de Londres, que nous reproduisons ci-dessous.
Le tableau fait quelques concessions au pittoresque : les danseurs et les spectateurs sur l’herbe, au premier plan, puis aussi les bestiaux qui s’abreuvent à l’affluent du fleuve, la colonnes de soldats à gauche, les embarcations sur l’eau, ou encore le moulin à eau près du fleuve, et la cascade qui dévale un rocher dans le lointain. Mais l’intérêt principal ne se trouve ni dans la scène, ni dans ces détails ; il est dans l’harmonie virgilienne des formes, des couleurs et surtout, peut-être, des éléments principaux : la majesté des arbres, la sérénité du fleuve, la délicatesse du ciel et des horizons. Nostalgie du jardin d’Éden, ou attente du Paradis, l’inspiration du Lorrain se porte ici vers une nature si harmonieuse et lumineuse qu’elle devient comme le corps propre des hommes qui l’habitent.
Claude Lorrain, Les noces d'Isaac et de Rébecca, 1650. Londres, National Gallery. |
Vous trouverez ici la liste des tableaux et des dessins de Claude Lorrain que nous avons présentés sur ce blog, et que nous avons disposée selon l’ordre chronologique de la vie du peintre :
http://participans.blogspot.fr/2012/07/regards-sur-quarante-tableaux-ou.html
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