Claude Lorrain, Scène portuaire, vers 1640. Williamstown, Clarke Institute. |
Pour équilibrer ses compositions picturales, Claude Gellée - que les Romains appelaient Claudio Loreno, Claude Lorrain - divisait le papier de ses esquisses préparatoires en quatre rectangles, eux-mêmes subdivisés en quatre triangles déterminés par leurs diagonales. Il pouvait ainsi choisir une ligne d’horizon, répartir les pleins et les vides, équilibrer les architectures et les arbres, et situer enfin les personnages. Tous ces éléments s’ordonnent en une configuration intégrée et harmonieuse, une Gestalt dirait-on de manière plus expressive en allemand, qui d’une part reçoit et médiatise la lumière, et qui permet d'autre part de disposer les couleurs. Le pulchrum, la splendeur propre du tableau naîtra de la synthèse entre ces trois types de sensibles : la couleur, sensible propre ; la figura totale, sensible commun ; et la luminosité qui est déjà, en quelque sorte, un supra-sensible, nous voulons dire ce resplendissement ou cette gloria de l’œuvre d’art qui n’apparaît pas, mais fait apparaître ce qui apparaît. C’est elle qui, nous l’avons déjà dit, rapproche la peinture de la métaphysique : celle-là fait voir la lumière invisible ; et celle-ci fait pressentir l’être supra-intelligible. Paraphrasant le principe forma dat esse en vertu duquel l'essence assigne à l'étant son degré d'être et le lui communique, nous pourrions dire que, en esthétique, forma dat claritatem, en ce sens que la figura définit la beauté du tableau, ou bien, au-delà de l'art pictural, celle de l'
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