Benozzo Gozzoli, Le triomphe de saint Thomas d'Aquin, 1471

dimanche 12 décembre 2010

Fiat mihi secundum verbum tuum.

Nicolas Poussin, L'Annonciation, 1657
Londres, National Gallery

Après la solennité de l'Immaculée Conception, et avant celle de la Nativité, il faut méditer l'acte par lequel s'accomplit l'Incarnation du Verbe dans le sein de Marie: « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Poussin nous montre l’instant où, la Vierge prononçant son fiat, elle devient mère de Jésus. Tandis qu’elle est assise en extase, les mains étendues, les yeux clos, la colombe de l’Esprit éploie ses ailes au-dessus de sa tête. Son corps forme un triangle, où les quatre couleurs de la création sont présentes : le vert du coussin, le rouge clair de la robe, la jaune du manteau, et le bleu du voile, dans un ordre ascendant qui fait penser à la nature, au feu, à la lumière, et au ciel ; mais le sein où s’accomplit la conception du Fils reste dans l’ombre de l’Esprit. Sur son côté, la Bible est ouverte, où Dieu avait « à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes» (Hb 1, 1) : maintenant, ce même Dieu a pris chair dans cette Vierge. De l’autre côté, l’archange Gabriel désigne de la main droite le lieu du mystère, tandis qu’il lève la gauche vers le Dieu dont elle est désormais la Mère. Sa robe est toute blanche, comme il convient à un esprit pur, et ses ailes portent les trois couleurs de la Trinité, blanc pour le Père, bleu pour le Fils, rouge pour le Saint Esprit. En effet, les trois Personnes sont là, invisibles mais opérantes : l’Esprit, symbolisé par la colombe ; le Verbe, silencieux pour le moment dans le corps de Marie ; et le Père, au-delà du tableau, à l’intersection des lignes que dessinent le dos de la Vierge, à gauche, et la main de l’archange, à droite. L’événement se déroule sur la scène du monde, qu’évoque les rideaux obscurs à l’arrière-plan ; mais personne n’y assiste, car il est enveloppé de silence et de ce que le Pseudo Denys appelait la « ténèbre plus que lumineuse » des choses divines. Mater Christi, ora pro nobis !

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