Benozzo Gozzoli, Le triomphe de saint Thomas d'Aquin, 1471

jeudi 30 décembre 2010

Le retour d'Egypte commenté par saint Thomas d'Aquin et peint par Nicolas Poussin

            « Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël ; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, et rentra dans la terre d’Israël »[1].

            Saint Thomas d’Aquin formule deux remarques au sujet de cet épisode :

Notandum quod omnis turbatio Ecclesiae secundum mysterium terminatur per mortem persecutorum quia in perditione impii erit laudatio Prov. XI, 10. Item nota quod infidelitate Iudaeorum terminata, Christus redibit ad eos. Rom. XI, 26: et tunc omnis Israel salvus fiet[2].

La mort d’Hérode a donc un sens moral, car elle nous rappelle que, les persécuteurs de l’Église étant promis à la mort, les chrétiens ne doivent pas douter de la pérennité de l’Église, qui a les promesses de la vie éternelle. Et ce même retour d’Égypte a aussi un sens allégorique, à l’intérieur de la nouvelle Alliance, selon lequel le Christ reviendra lorsque les Juifs entreront dans l’Église. Le Docteur commun comprend en effet ainsi cette péricope de la lettre aux Romains : « une partie d’Israël s’est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé »[3].


            Dans le tableau de Poussin, les personnages sont disposés dans un triangle, symbole de perfection. La base en est formée par la Vierge, l’enfant Jésus, saint Joseph, le nocher, et aussi l’âne, qui est certainement celui de Béthléem et que le peintre avait utilisé dans la Fuite en Égypte de 1657 ; au sommet du triangle, quatre anges présentent la Croix, que Jésus regarde et qui est la mission pour laquelle il est venu. Seuls les acteurs de la scène sont représentés dans les trois couleurs pures, bleu pour le manteau de Marie et celui du nocher, jaune pour Joseph, rouge pour les Anges porte-croix, annonciateurs de la Passion, comme l’est sans doute, plus lointainement, la robe rosée de l’Enfant. Le paysage, en revanche, est peint en tons bistres, gris et bleu foncé, dont la gravité est accentuée par le gris presque noir des lourds nuages qui forment une couronne sombre autour de la Croix.

Nicolas Poussin, Le retour d'Egypte en barque, entre 1628 et 1638.
Londres, Dulwich Picture Gallery.



[1] Mt 2, 19-21.
[2] Lectura super Matthaeum 2, lect. 5.
[3] Rm 11, 25b – 26a.

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